L'an passé déjà, émotion, au printemps : des enfants ont joué au jeu de la tomate à la cantine.
Un jeu de la tomate très dangereux : celui qui consiste à couper sa respiration pour devenir le plus rouge possible... Bien sûr, les enfants en question ne se rendaient pas compte à quel point c'était grave. Nous en avons beaucoup parlé avec eux dans l'école.
Et puis, à l'automne 2007, nous voici dans notre classe de CM1, à lire un extrait de livre dans lequel un enfant parle de son grand-père. Ce vieil homme a les veines du visage très apparentes et le teint "bleu". Nous en discutons, et essayons de comprendre pourquoi.
C'est alors que plusieurs enfants, spontanément, disent que c'est "comme quand on joue à ne plus respirer"...
A partir de là, leur maîtresse ne souhaitant pas intervenir de façon improvisée va se documenter encore davantage sur le sujet des jeux dangereux, et chercher comment agir au mieux, dans le cadre d'un vrai projet pour la classe.
Longues heures passées sur internet, sur des sites de parents victimes, sur le site de France 5, qui y consacre un dossier dans son émission "Les maternelles", ou dans les documents 'Education Nationale'.
Bref, un projet voit le jour, avec l'accompagnement compétent de notre infirmière scolaire de secteur. Elle vient une fois par mois dans l'école, ce qui permet de prévoir des interventions communes.
Fortes de nos recherches sur le sujet, nous n'avons pas souhaité mettre l'accent sur la répression, mais plutôt sur l'information.
Voici, grossièrement, la forme de notre travail sur le sujet avec la classe : (d'octobre à avril)
1/Laisser les élèves s'exprimer librement sur la notion de jeu, d'une part, et de danger, d'autre part. (tous les mots qui leur viennent étant écrits au tableau)
2/ Reprendre ces mots avec eux pour bien distinguer les deux :
- jeu : en lien avec le plaisir
- danger : en lien avec la vie
3/Leur demander ensuite s'il connaissent des jeux qui associent les deux : auxquels ils ont joué eux-même ou dont ils ont entendu parler.
4/ Leur demander au fur et à mesure de nous en expliquer les règles.
5/ Leur demander à leur avis quels sont les risques, et confronter ensuite leur avis avec celui de Sylvie, notre infirmière scolaire.
6/ Leur montrer le témoignage vidéo de jeunes collégiennes expliquant qu'elles ont joué à des jeux dangereux, pourquoi et comment cela se passait.
(Ces collégiennes appartenant à un milieu plutôt favorisé. Elles pourraient tout à fait être d'anciennes élèves de notre école -même si ce n'est pas le cas-. On ne peut pas faire d'amalgame entre le mal-être possible d'un jeune et sa décision de jouer à un jeu dangereux.).
7/ Débattre ensuite au sujet de la vidéo pour évaluer ce que les élèves en ont pensé.
8/ Leur montrer l'affiche de l'APEAS, qui montre des photos d'enfants, mais en cachant le slogan en bas de l'affiche, et leur demander ce que c'est, selon eux.
Réponse de mes élèves : "Ce sont les enfants qui sont morts de ça ?"
Moi : "Non. Ce sont QUELQUES UNS des enfants qui sont morts après avoir joué à des jeux dangereux."
Réaction de mes élèves : silence consterné mais également CONCERNÉ.
Puis : "Maîtresse, il faut qu'on le dise aux autres classes."
9/ Idées retenues pour la diffusion des informations :
- élaboration d'un petit livre sur le sujet
puis :
- présentation à toutes les classes de l'écoles
(une discussion très intéressante a eu lieu en classe pour déterminer si on devait en parler aux CP, et sur la façon dont on devait leur en parler.)
10/ Elaboration, au brouillon, puis sur ordinateur, d'idées de petits livres expliquant ce que sont les jeux dangereux et les risques encourus.
11/ Trois élèves ayant particulièrement investi ce travail (et l'ayant mené à bien de façon satisfaisante selon les autres élèves de la classe) mènent le projet du petit livre à son terme.
Sur ce petit livre, elles tiennent à ce qu'apparaisse l'affiche de l'APEAS, qui, selon elles, est percutante et convaincante.
12/ La maîtresse contacte Mme Cochet, présidente de cette association, pour lui expliquer le projet et lui demander l'autorisation d'utiliser cette affiche.
13/ Mme Cochet accepte, et des courriers internet sont échangés, pour améliorer le livre.
Mme Cochet demande l'autorisation de diffuser ce petit livre sur le site de son association, de l'envoyer à ses adhérents, et de l'envoyer aux gens qui, régulièrement, demandent à l'APEAS des documents à faire lire à leurs enfants.
14/ Les enfants sont d'accord : la maîtresse demande l'autorisation à leurs parents.
15/ Tout le monde est d'accord : la diffusion peut commencer.
16/ Les trois élèves rédactrices du petit livre interviennent dans les classes pour le présenter, expliquer aux autres élèves de quoi il s'agit, répondre à leurs questions (avec l'attention de chaque maître des classes en question).
17/ L'infirmière scolaire le diffuse dans son collège de secteur, elle le fait également passer à l'école Louis Petit de St Jean de Braye, où l'équipe lui a demandé une intervention sur le sujet.
18/ Le petit livre est également confié au collège de Chécy, confronté au problème depuis quelques mois.
Ce petit livre, vous le trouverez aussi dans la rubrique "Petits livres n°21 à 30", mais je vous en mets un exemplaire ici :
(pour mieux le voir, cliquer une fois dessus)
Infos spécifique parents / collègues :
A voir :
La vidéo montrée aux élèves :
http://www.france5.fr/maternelles/scolarite/W00341/1/
Il s'agit de la 2ème vidéo, intitulée "LES jeux dangereux", où de jeunes collégiennes témoignent.
Affiche de l'APEAS :
http://www.jeudufoulard.com/html-fr/fram_01.html
A mes collègues enseignants
Les documents que l'on trouve sur ce blog sont en format image. Si vous souhaitez que je vous les envoie par mail dans leur format d'origine (word ou publisher le plus souvent), il suffit de m'en faire la demande.
(Voir mon mail tout en bas de la page d'accueil du blog.)
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Notre petit livre sur les jeux dangereux
Publié par
Stéphanie
à
15:31
Rubrique :
Jeux dangereux
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